Denise Jannah

« Beaucoup doit être raconté, beaucoup doit être rectifié. Également ici aux Pays-Bas. Je ne peux bien sûr que m’insurger contre tout cela : injustice, apartheid, oppression de gens en raison de leur couleur de peau. C’est inscrit dans mon histoire surinamaise, je descends en partie d’ancêtres réduits en esclavage, bon nombre de mes ancêtres ont été humiliés et dépossédés de leur dignité. Winnie Madikizela Mandela était la victime d’un système d’apartheid extrêmement habile et retors. L’éliminer littéralement aurait fait d’elle une martyre. L’outrage était plus efficace. Ce spectacle est un hommage à Winnie et tout ce qu’elle défendait. Et une réhabilitation ; sans elle, Nelson Mandela ne serait jamais devenu si important. Et finalement, on l’a écartée alors que c’est elle qui a tout mis en œuvre et veillé à ce qu’il ne soit pas oublié pendant sa détention. Elle a dû beaucoup endurer : maltraitance, exil, séparation de ses enfants. Mais rien n’a pu la briser. Nelson Mandela devait tellement à cette femme à laquelle il était marié, bien que leur vie conjugale n’ait pas représenté grand-chose. “I was the most unmarried woman” (J’étais la femme la plus non-mariée qui soit), a-t-elle un jour déclaré. »